PRD : Intox ! Une fusion politique n’est pas extinction identitaire.», par Tchékpémi Jacques Ahouansou.
<<À l’approche des élections générales de 2026, le débat sur la reconfiguration politique du Bénin s’intensifie. Dans ce climat chargé, les sorties médiatiques de certaines figures historiques, notamment Me Adrien HOUNGBÉDJI, viennent rappeler une vérité souvent négligée : fusion politique ne signifie pas extinction identitaire.
En effet, depuis la réforme du système partisan en 2018, plusieurs partis ont procédé à des alliances stratégiques, souvent sous forme de fusions, pour répondre aux nouvelles exigences institutionnelles. Parmi eux, le Parti du Renouveau Démocratique (PRD) a choisi de se rapprocher de l’Union Progressiste (UP), entraînant une lecture hâtive : celle de sa disparition pure et simple du paysage politique. Le cas du Bloc Républicain (BR) et l’ex-Union Démocratique pour un Bénin Nouveau [actuellement Renaissance Nationale (RN)] est aussi illustratif.
Or, il convient de distinguer l’outil juridique de la réalité politique. Aucune fusion de partis ne saurait effacer d’un trait l’histoire, l’identité et l’ancrage local patiemment construits. Plus encore, d’un point de vue légal, une fusion politique ne dissout pas nécessairement les partis concernés, sauf acte formel tel qu’un congrès de dissolution dûment acté et notifié aux autorités compétentes.
Le PRD, en l’état actuel des textes et procédures, n’a jamais organisé une telle dissolution. Il reste donc, juridiquement, un parti en vie, avec la possibilité pleine et entière de reprendre son indépendance et de se repositionner sur l’échiquier politique national.
Cependant, puisque la fusion est une stratégie, l’identité est une mémoire collective. Même au sein d’une grande formation, les sensibilités propres, les références historiques et les fidélités locales continuent d’exister. Penser que la fusion équivaut à l’extinction, c’est méconnaître la dynamique politique : les peuples n’oublient pas aisément les visages, les combats et les valeurs qui ont jalonné leur histoire électorale. C’est d’ailleurs sur cette mémoire que se fondent de nombreuses résurgences politiques inattendues. Ainsi, si le PRD ou tout autre parti issu d’une fusion devait retrouver sa voix propre, il ne ferait que renouer avec une partie de lui-même que le contexte avait momentanément mise en sommeil.
Alors, dans un contexte où la stabilité politique est souvent brandie comme la priorité absolue, certains voient d’un mauvais œil toute velléité de repositionnement ou de critique interne. Pourtant, la maturité démocratique se mesure à la capacité d’un système à permettre et organiser les différenciations, pas à les étouffer. Clarifier les statuts juridiques des partis post-fusion est donc essentiel, non pour créer de la confusion, mais pour renforcer la transparence et la confiance des citoyens dans le jeu démocratique. La loyauté politique n’interdit pas la lucidité institutionnelle.
Ainsi, face à l’évolution rapide des attentes sociales, économiques et culturelles, les partis doivent parfois ajuster leur stratégie sans renier leur identité. Une fusion n’est pas un abandon ; elle peut être une adaptation temporaire. Bien au contraire, lorsqu’elle est bien pensée et bien gérée, elle peut enrichir le débat public en introduisant plus de nuances et de complémentarités dans les projets de société proposés aux électeurs. Mais cet enrichissement suppose que chaque composante conserve sa capacité de réflexion critique, son autonomie d’esprit, et, au besoin, son droit de réaffirmer son existence distincte.
En définitive, croire ou faire croire que la fusion d’un parti équivaut à son extinction est une lecture réductrice de la dynamique politique. Et, la véritable question n’est pas d’empêcher les partis issus de fusions de s’exprimer ou de se réinventer. Elle est de garantir que ces mouvements se fassent dans la clarté, le respect des règles, et dans l’intérêt supérieur du débat démocratique. La fusion politique, pour rester légitime, doit être un chemin vers une démocratie plus forte, non un cercueil scellé sur les identités qui la nourrissent.
Pour rappel, le Parti du Renouveau Démocratique dont le sigle est PRD, a été créé le 20 août 1990 et enregistré au Ministère de l’intérieur, de la Sécurité et de l’Administration Territoriale sous le N° 001/MISPAT/DAI/PP du 03 janvier 1991. Il a tenu son Congrès constitutif à Porto-Novo les 18, 19 et 20 décembre 1990, son premier Congrès Ordinaire les 15 et 16 avril 2000, son deuxième Congrès Ordinaire le 16 et 17 décembre 2006, et son 3ème Congrès Ordinaire le 12 février 2012.
