Alors que le ministère de l’Intérieur n’a pas encore officiellement réagi à la lettre musclée de Me Adrien Houngbédji, Wilfried Léandre Houngbèdji, porte-parole du gouvernement, s’est exprimé sans détour sur la polémique autour de la réapparition du PRD. Reçu sur le plateau de Daabaaru TV, il a rappelé le cadre légal, calmement mais avec clarté.
Un débat relancé par les dissidents du PRD
Depuis plusieurs semaines, le Parti du Renouveau Démocratique (PRD), ou plutôt certains de ses anciens cadres, s’agitent pour reprendre une autonomie politique, à la suite de la fusion avec l’Union Progressiste en 2022, devenue depuis UPR. Malgré un rappel à l’ordre du ministère de l’Intérieur, Me Adrien Houngbédji persiste : pour lui, le PRD n’a jamais été dissous.
Mais en l’absence de réaction officielle du ministère, c’est le gouvernement, par la voix de son porte-parole, qui a tenu à rappeler les fondamentaux.
“Les lois de la République au-dessus des textes internes”
Invité ce week-end sur le plateau du média en ligne Daabaaru TV, Wilfried Léandre Houngbèdji n’a pas évité la question. En bon connaisseur du droit politique, il a tranché avec précision : « Les textes internes des partis politiques ne sont pas au-dessus des lois de la République ».
Une mise au point qui vise clairement les arguments de Me Houngbédji, dont la défense repose en grande partie sur les statuts internes du PRD pour justifier l’absence de dissolution.
Une dissidence, oui ; un retour du PRD, non
Tout en reconnaissant le droit pour tout acteur politique de créer un nouveau parti, Wilfried Léandre Houngbèdji pose une limite claire : « Si demain, les acteurs de tel ou tel parti décident de partir pour créer un autre parti, c’est leur libre choix. Certainement pas du même nom ». Une précision qui signifie que même en cas de séparation, les attributs du PRD – nom, logo, cachet – restent juridiquement inaccessibles pendant une longue période.
Quinze années de gel des attributs : le coup de grâce ?
Le message le plus fort reste sans doute celui-ci : « Il va falloir au moins 15 ans au PRD avant de vouloir revendiquer ou exploiter les attributs qu’il avait avant, même s’il décide de partir. Idem pour l’UP ».
Un rappel sans équivoque : en cas de fusion, les identités fondatrices sont absorbées et soumises à des délais stricts de latence avant tout usage ultérieur. La bataille juridique annoncée s’annonce donc ardue pour les nostalgiques du PRD.
Une réponse politique avant la réponse administrative ?
À défaut d’un communiqué officiel du ministère de l’Intérieur, la sortie du porte-parole du gouvernement a valeur de ligne politique. Elle trace les limites de ce qui sera juridiquement et politiquement toléré.
Reste à savoir si Me Adrien Houngbédji maintiendra sa position face à ce double verrou : le droit républicain d’un côté, la fermeté gouvernementale de l’autre.
✍️ Moubarack ASSOUMBOLO
