(L’autorité du ministre Shadia Assouman foulée au pied)
Construire une maison aujourd’hui au Bénin est devenu un véritable casse-tête pour les populations. Le ciment, élément essentiel, voire principal, se vend à prix d’or dans les cimenteries et quincailleries de plusieurs villes. Une forte spéculation, organisée par les vendeurs de ciment en toute impunité, perdure malgré les rappels à l’ordre du Ministère.
Il faut avoir les reins solides pour commencer ou poursuivre une construction au Bénin. Actuellement, le prix de la tonne de ciment dans les quincailleries et cimenteries oscille entre 95 000, 100 000, voire 120 000 francs CFA, au lieu de 81 000 francs CFA dans les départements de l’Atlantique et du Littoral. Cette hausse des prix, qui a débuté il y a quelques semaines, a poussé le Ministère de l’Industrie et du Commerce à publier un communiqué rappelant à l’ordre les commerçants véreux. Le communiqué, signé par le secrétaire général du ministère, a précisé que cette hausse des prix était orchestrée par les vendeurs eux-mêmes, car le prix du ciment n’a pas changé au niveau des usines de production.
Des contrôles qui tardent à venir
Depuis quelque temps, on observe un relâchement dans l’engagement des agents du Ministère de l’Industrie et du Commerce à effectuer des contrôles inopinés dans les dépôts et points de vente de ciment ainsi que d’autres produits de grande consommation. Ce manque de rigueur justifie peut-être le désordre régnant chez les vendeurs de ciment. Il convient de rappeler que le dernier communiqué du ministère, daté du 25 février, annonçait des contrôles sur toute l’étendue du territoire afin de trouver et de punir sévèrement les spéculateurs. Toutefois, ces mise en garde n’ont pas suffi à décourager ces commerçants qui trouvent des moyens pour contourner les régulations du marché.
On est en droit de se demander si l’autorité du ministre en charge de l’Industrie et du Commerce, Shadia Assouman, est réellement respectée ou si elle est bafouée.
Causes et conséquences de la hausse subite des prix du ciment
Au début du mois de mars 2025, les consommateurs du ciment dans l’espace géographique du département de l’Atlantique, République du Bénin ont connu subitement une hausse de prix du ciment malgré que le gouvernement de la rupture ait fixé le prix de vente plafond de la tonne de ciment dans chaque commune du Bénin pour une durée de quatre (04) mois renouvelable pour que le prix de cession de la tonne de ciment aux consommateurs varie entre 71.700 et 90.000 FCFA selon la commune sur toute l’étendue du territoire national. Néanmoins, ce prix a passé de 98.000 à 105.000 FCFA dans la plupart des boutiques des communes d’Allada, d’Abomey Calavi, de Tori, de Kpomassè, de Toffo, de Ouidah, de Zè et autres.
Plus, on s’éloigne de Cotonou plus le prix augmente. À première vue, on croit que l’augmentation du prix de ciment observée dans le département de l’Atlantique tire peut-être sa cause dans l’arrêté interministériel Année 2022/MIC/MDC/MEF/DC/SGM/DCI/SA/033SGG22 du 17 Juin 2022 portant fixation des prix de cession du ciment aux consommateurs en République du Bénin. Seulement que cette fois-ci le prix dépasse le maximum fixé par l’État. Et ce qui est encore paradoxal est qu’il y a pénurie dans certaines boutiques.
Où se situent les difficultés ?
Rapproché, un Chef maçon, nommé Douvi Eustache Florent que nous avions vu verser par un tricycle une quantité énorme de paquets de ciment sur le chantier où il travaille à Gbahou, un quartier du village de Adjra Hounvè, Arrondissement de Pahou, Commune de Ouidah, nous explique les raisons qui sous-tendent la pénurie du ciment puis l’augmentation instantanée du prix de la tonne du ciment :
Nous avions appris que les ouvriers qui sortent de l’usine les paquets et chargent les camions de distribution du ciment dans les différentes zones demandent une augmentation de salaire d’une part et d’autre part, les commerçants protestent contre la fixation du prix de cession de la tonne de ciment par l’État.
Ailleurs, Mr Kpomanou, un commerçant et propriétaire de quincaillerie se confie :
Normalement, le gouvernement devrait nous laisser vendre la tonne de ciment au prix que nous voulons et ce compte tenu de l’enclavement d’où se situe notre boutique. Entre autres, le gouvernement doit exempter la vente du ciment de certaines taxes. Si chacun de nous vivant sur terre est contraint de dormir toutes les nuits dans une maison, le ciment devrait être considéré comme produit de nécessité sociale à la suite des produits de premières nécessités comme le lait, le sucre et autres. On ne peut pas allonger le ciment avec le carburant où le gouvernement en fixe le prix qui augmente à chaque fois. Finalement, les taxes écrasent les commerçants et consommateurs dans le pays.
Un retraité résidant à Abomey Calavi qui requiert l’anonymat nous explique que dans un pays où les prix des denrées augmentent et que les salaires, traitements ou pensions n’augmentent pas, la pauvreté s’installe parmi les peuples. Parcourez notre quartier de Tankpè, vous verrez assez de bâtiments inachevés à cause des augmentations brusques des prix. Tous ceux qui ont élaboré des projets de construction ont dû abandonner ou laisser inachevé leur bâtiment puis demeurent encore en location.
Sur le terrain on constate qu’il y a plusieurs marques de paquets de ciment. Il y a Nocibé, SCB Lafarge. Hier, le consommateur choisit délibérément ce qu’il veut mais depuis le début du mois en cours, on ne prend que ce qu’on trouve dans les boutiques plus proches à cause de la pénurie constatée sur le marché.
Certains ont fait de stockage pour spéculer. Par contre, il n’y a pas d’augmentation de prix à l’usine. Le ciment est toujours livré au prix retenu entre grossistes et l’usine.
Donc, le gouvernement de la rupture en général et le ministre chargé des mines en particulier sont interpellés chacun en ce qui est en son pouvoir pour que cette spéculation malsaine cesse le plus tôt.
Il est urgent que des initiatives concrètes soient prises pour éviter ces pratiques.
La situation dans le Couffo
Depuis le début du mois de janvier 2025, les béninois engagés ou qui veulent investir dans la construction des bâtiments sont confrontés à d’énormes difficultés notamment liés à l’augmentation drastique du prix de ciment. Qu’est ce qui en est à la base ? Est ce les mêmes problèmes vécus par le Pays en 2022 où le prix de la tonne de ciment était passé de 80000 F à 120000 F dans certaines régions du pays ? Pour répondre à ces interrogations, une équipe du groupe de presse » Le Meilleur » a fait une sortie dans le département du Couffo pour voir et apprécier les réalités du terrain afin de rendre compte à ses lecteurs.
Comme annoncé ci dessus, une équipe du groupe de presse » Le Meilleur » a fait une descente dans le département du Couffo pour toucher du doigt la réalité des faits. Ainsi, nous avons fait urgence dans quelques dépôts des six communes à savoir Aplahoué, Djakotomey, Dogbo, Klouékanmè, Lalo et Toviklin. A la suite des démarches entreprises, le constat était amer du fait que le prix fixé dans les dépôts de vente de ciment sont en déphasage par rapport à celui fixé par le gouvernement qui est normalement à 80000F la tonne. Mais ce qui est surprenant, les prix varient d’un dépôt à un autre et ainsi d’une commune à une autre. Il s’ensuit alors que dans certains dépôts dans le département les prix varient de 90 000F à 105 000F la tonne dans la généralité. L’équipe, dans ses investigations a voulu savoir les raisons pour lesquelles le prix de cette matière principale de construction a augmenté de prix, aucun des gérants des dépôts visités ne nous a servi des raisons valables. Par la suite, nous avons abordé les consommateurs( les maçons, certaines personnes qui se sont engagées dans la construction et d’autres) . Les raisons évoquées par ces derniers n’étaient que le produit se fait rare sur le terrain et pour en trouver, il faut s’annoncer d’avance dans les dépôts, compte tenu de cette rareté certains dépôts ont dû fermer les portes. En fait, les commandes lancées, ne répondent pas à servir tous les dépôts de la place, bref la demande dépasse l’offre. C’est pour ces raisons que les dépôts où on peut trouver le produit se fixent volontairement des prix. C’est au vu de ça que le prix de tonne est fixé de manière à tort et à travers selon les consommateurs.
Quel est le rôle à jouer par le gouvernement pour résoudre cette inflation sur le prix de la tonne du ciment ? La population attend son intervention dans un bref délai du moment où le prix normal est fixé à quatre vingt mille francs (80000 F).
✍️ La Rédaction

