À chaque crise interne, le président de la transition nigérienne ressort les mêmes accusations contre le Bénin, l’accusant de complicité avec les terroristes. Une stratégie de diversion politique bien rodée, qui ne résiste ni à l’analyse, ni aux faits.
Depuis sa prise de pouvoir par la force, le 26 juillet 2023, l’ancien chef de la garde présidentielle, désormais chef d’État, peine à répondre aux attentes de ses concitoyens. Lui qui avait promis de faire mieux que ses prédécesseurs dans la lutte contre le terrorisme se retrouve piégé par la complexité de la situation. Les attaques continuent, l’insécurité gagne du terrain, et la colère sociale gronde. Pour se justifier, Tiani pointe du doigt le Bénin, accusé d’être complice de la France dans un prétendu réseau de soutien aux djihadistes.
Mais ces accusations, aussi graves que répétitives, ne reposent sur aucune preuve tangible. Et elles finissent par trahir non pas la force d’un leadership, mais son affaiblissement. Comme le dit un proverbe : « À force de pointer du doigt l’autre, on oublie que trois doigts nous désignent. »
Alors que le Bénin subit lui aussi des attaques sur son propre territoire, comment peut-on sérieusement le soupçonner de complicité avec ceux-là mêmes qui menacent sa sécurité ? Comment oublier que Cotonou a, à maintes reprises, tendu la main aux autorités nigériennes, dans un esprit de fraternité et de coopération ? D’anciens chefs d’État africains se sont même mobilisés pour tenter de recoller les liens. En vain. La main tendue a toujours été rejetée par Niamey.
Un voisin mal inspiré
Les accusations de Tiani n’ont rien de nouveau. Elles relèvent d’une méthode bien connue : désigner un ennemi extérieur pour masquer ses propres échecs internes. À chaque montée de tension au Niger, le Bénin devient le coupable idéal. Pourtant, ce voisin du sud n’a jamais cessé d’appeler à la paix et à la coopération. Même face à la fermeture unilatérale de la frontière par le Niger, le Bénin a continué de plaider pour le dialogue. La frontière béninoise, elle, est restée ouverte.
Dans sa dernière sortie, le ministre béninois des Affaires étrangères, Olushegun Adjadi Bakari, a rappelé ce contraste saisissant entre les deux approches : d’un côté, une politique d’ouverture et de résilience ; de l’autre, le repli sur soi et la paranoïa diplomatique.
Le Bénin avance, malgré tout
Et pendant que Niamey multiplie les discours accusateurs, le Bénin, lui, avance. L’économie béninoise a enregistré une croissance de 7,5 % en 2024, malgré le contexte sous-régional tendu. Cette performance dépasse largement les prévisions, et témoigne de la solidité des choix stratégiques opérés à Cotonou..Plutôt que d’accuser, le Niger ferait mieux d’observer. Plutôt que de tendre le poing, Tiani ferait mieux de tendre la main. Car le terrorisme ne connaît pas de frontières. La pauvreté non plus. C’est ensemble, ou pas du tout, que les peuples du Sahel vaincront les forces qui les minent.
À force de refuser le dialogue, Tiani isole son pays, trahit son peuple et affaiblit la région. Il est temps de sortir de l’orgueil politique pour entrer dans l’intelligence collective. La sécurité ne se construit pas contre ses voisins, mais avec eux.
✍️ ASSOUMBOLO Moubarack
